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PREMIÈRE PARTIE

jouée avec une pointe de réserve, et sérieuse sans affectation quand elle assistait à nos causeries. Il m’apparut souvent qu’elle cherchait à s’y intéresser pour que Maurice ne la crût pas incapable de nous y suivre. C’était preuve qu’elle désirait lui plaire. Maurice l’aimait. Avais-je besoin d’examiner, de peser ? Ils s’aimaient, cela me suffisait donc. Ils étaient heureux, puisque j’avais compris, en plus d’une occasion, que je les gênais. Et n’est-ce pas assez ?

Là-dessus la guerre tomba. Avec la guerre qui libéra tous les instincts, une Marthe moins secrète se montra sans honte, ou sans défiance, si l’on préfère. J’avais pu jusqu’alors la tenir une épouse aimante à qui mon ami devait un bonheur réel et sûr. Mais