Page:Sandre - Le chèvrefeuille, 1924.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
LE CHÈVREFEUILLE

l’arrivée de l’intruse a dompté d’un seul coup deux sauvages. Nos appréhensions communes, nos promesses d’indépendance, notre avenir rêvé, tout cela fonctionnait à vide. Jeunes, et par conséquent gonflés d’enthousiasme vert, nous étions comme sous une cloche pneumatique, nous vivions dans l’absolu. Tu comprends, petite Marthe, nous ne pouvions pas même imaginer qu’une petite Marthe, survenant à l’improviste, briserait la cloche de verre en riant et nous crierait : « Me voici, qui me veut ? »

C’est Marthe qui avait alors à son tour protesté, et très vivement. Il est en effet certain que, même sous forme de plaisanterie, Maurice n’avait pas le droit de supposer que lui et moi eussions eu à choisir.