Page:Sandre - Le chèvrefeuille, 1924.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
TROISIÈME PARTIE

vie que Marthe avait menée depuis la disparition de Maurice.

Je ne l’avais vue que rarement, parce que je comprenais qu’il lui était pénible de me voir. J’avais compris qu’elle supportait mal sa douleur et qu’elle supportait mal aussi de ne pas me le dissimuler mieux. Elle s’était toujours défiée de moi, même au temps qu’elle était heureuse. Et je comprenais qu’elle souffrît davantage de m’avoir pour témoin de son malheur. Je souffrais quant à moi de sa défiance et, plus d’une fois, je me le rappelle, j’avais eu envie de lui crier : « Mais je suis votre ami, Marthe ! Je suis votre ami, pleurons ensemble ! » Mais elle poussait évidemment la jalousie jusqu’à vouloir pleurer seule. Et au moment que je