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LE CHÈVREFEUILLE

que la vie est bête ? Nous la tenions des auteurs que nous avions lus. Mais je te dis qu’elle est encore plus bête. Je te le dis et c’est vrai. Regarde-nous. Ne vois-tu pas ce que mon retour a de tragique et de grotesque ? Ne sens-tu pas, comme moi, que nous sommes gênés de nous retrouver face à face, toi et moi, malgré cette vieille affection qui nous attachait autrefois l’un à l’autre de telle sorte que chacun de nous était persuadé qu’il ne pourrait pas vivre sans l’autre ? Quelle misère ! Tu me croyais mort depuis sept ans, et tu avais arrangé ta vie de façon qu’elle te fût supportable sans moi. Et moi-même, j’avais pu présumer auparavant que je m’arrangerais une vie merveilleuse avec Marthe, sans toi. Morne misère !