Page:Sandre - Le chèvrefeuille, 1924.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
DEUXIÈME PARTIE

toi-même agonisiez misérablement.

» Dès lors, tout fut plus facile que tu ne pourrais l’imaginer. Le hasard me servit, puis le désordre né de l’affaire de Verdun. Deux brancardiers, qui transportaient sur une civière un sergent de notre bataillon, étaient arrêtés à l’entrée du Bois des Hospices. Je m’informais du nom du camarade blessé, quand un fracas brusque me coupa la parole. Jeté à terre par l’éclatement d’un obus, j’étais encore une fois indemne. Mais des deux brancardiers et du blessé, il ne restait que trois cadavres.

» Une force irrésistible me poussait. Le sergent et la civière formaient une horrible bouillie. Je dépouillai le mort de ses papiers, de son portemonnaie, de ses deux plaques d’iden-