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LE CHÈVREFEUILLE

Nous nous battions, tu te rappelles ? sans artillerie contre une artillerie enragée. Nos officiers avaient l’ordre de ne reculer sous aucun prétexte. Et quel désarroi ! Il neigeait. Pour manger, il fallait ouvrir les havresacs des morts, afin d’y dérober les boîtes de conserves qui s’y trouvaient. Nous n’avions ni outils, ni fusées, ni grenades, et nos cartouches diminuaient. Mais tu sais tout cela comme moi.

» Le 8 mars, vers cinq heures du soir, à l’artillerie allemande qui nous écrasait méthodiquement, se joignit une batterie de 155 française. Les malheureux qu’elle atteignait brûlaient avec une odeur atroce. Nous n’avions aucun moyen de signaler à l’arrière notre situation. Les chasseurs, accroupis et claquant des dents,