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DEUXIÈME PARTIE

nous octroyait avec tant d’avarice, dis-moi si je fus sans excuse de hausser les épaules ou de me décourager à la fin, quand Marthe s’obstinait à douter que je lui fusse fidèle ?

» Mais je ne veux pas plaider ma cause. Je veux t’exposer les faits. Tu jugeras ensuite, s’il te plaît de juger. C’est autre chose que je te demande. Je n’insisterai d’ailleurs pas plus longtemps. Je t’en ai dit assez déjà, je t’ai dessiné d’un gros trait la courbe de mon aventure. Tu as vu mon bonheur s’élever, s’affermir, s’affirmer, croître encore, monter presque à la verticale, puis hésiter, et tu as vu la ligne magnifique devenir tremblante, indécise, s’infléchir, redescendre lentement, avec les mêmes hésitations, mais redescendre malgré