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DEUXIÈME PARTIE

écrites. Celles que je reçus me seraient parvenues trop tard si elles avaient exigé des réponses immédiates. Mais elles n’étaient que ce que furent des milliers de lettres d’épouses ou d’amantes au début de la guerre : le chagrin de Marthe pliait sous une peine moins égoïste. Je pus croire que nous étions sauvés, que l’horrible catastrophe allait du moins permettre à deux êtres, des plus infimes, de retrouver l’équilibre et le bonheur véritable qu’ils avaient perdu.

» Tu devines que mon illusion fut de courte durée. À quoi bon t’exposer les détails du progrès de ce mal qui semblait être en nous inexorablement ?

» Dès janvier 1915, alors que nous piétinions dans les tranchées, Marthe