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LE CHÈVREFEUILLE

notre amour. J’étais sûr de moi, calme, et j’attendais beaucoup de l’épreuve pour Marthe.

» S’il est vrai que plus d’un homme, las de vivre, soit allé vers la guerre comme à un suicide licite et qu’on ignorerait, j’y suis allé, moi, comme à une délivrance. Pour moi-même, j’emportais la foi dans une victoire sur moi-même ; je présumais que, loin de Marthe, loin du sortilège de son amour exigeant, je me reprendrais et redeviendrais maître de mes sentiments énervés. Et pour Marthe, pour Marthe surtout, je comptais qu’avec des soucis d’un autre ordre elle aurait le temps de s’apaiser et de se dégager de cette constante jalousie qui empoisonnait notre union.

» Oui, tu me diras : — « Et tu n’as