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DEUXIÈME PARTIE

est. Il nous faut une femme telle que nous la rêvons, telle que nous la voulons. Que pour nous plaire elle cherche à se transformer selon notre désir, à se renoncer, cela nous paraît tout naturel. Notre fatuité virile n’a pas de bornes. Si elle réussît, si la femme devient telle que nous la souhaitions, — et il ne nous soucie guère sur le moment des conséquences possibles de notre désir, — nous nous croyons aimés et nous parlons de bonheur. Nous avons créé notre bonheur.

» Trop de romances ont bercé de rimes inévitables et de déprimantes mélodies le sang-froid des plus sages d’entre nous. Quand l’amour chante, et on ne peut pas dire autrement, car il chante, c’est triste mais c’est