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DEUXIÈME PARTIE

» Mais je ne dois pas exagérer non plus. Si j’ai d’abord gardé pour moi le délicieux secret de mon bonheur tout nouveau, je l’ai gardé surtout pour ne pas t’en éclabousser. Notre jeunesse studieuse, que nous considérions ensemble comme éternelle, — quand on est jeune on a de ces illusions, — je fus le premier à m’en échapper. Certes, cela se fit malgré moi, à mon insu si tu préfères. J’avais rencontré Marthe. Du coup, l’amour m’était découvert. Un monde insoupçonné s’ouvrait à mes yeux et à mon ardeur stupéfaite. Nos études, nos papiers, nos fiches, nos bouquins, tout ce qui nous semblait uniquement désirable et satisfaisant, tout m’apparut d’une vanité mortelle. Tant de poussière remuée me déconcerta.