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PREMIÈRE PARTIE

lâche de lui écrire ce que je n’avais pas le courage de lui dire.

Au juste, il semblait qu’il y eût de la honte entre nous, ou tout au moins de la gêne, comme si je lui avais dérobé sans le vouloir un secret. Mais il me prenait envie aussi de lui dire : « Et qu’importe, Marthe, que je sache mieux que quiconque, et peut-être autant que vous-même, comme vous vous aimiez ? Est-ce un crime d’aimer et d’être aimée ? Est-ce un crime d’être tout pour un homme et qu’un homme soit tout pour vous ? J’admirais tant que vous fussiez heureux ! Je n’étais pas jaloux. » Cependant j’hésitais et je continuais à manquer d’audace. Je me promettais néanmoins de m’enhardir un jour ou l’autre, quand je sen-