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PREMIÈRE PARTIE

— J’ai besoin d’être seule, comprenez, mon ami, comprenez.

Et elle éclata en sanglots.

Mais toujours raidie et toujours sur la défensive, elle s’enfuyait dans sa chambre et s’y enfermait d’un tour de clef.

Comment pouvait-elle refuser de se laisser consoler par moi, et refuser de me consoler du même coup ? N’avais-je pas été le meilleur ami de celui qu’elle pleurait et le témoin de leurs belles années ? Comment pouvait-elle me cacher si mal sa haine ou ce que je tenais alors pour de la haine ? Étais-je vraiment si coupable de vivre, de survivre, moi inutile, quand Maurice était mort ?

En trois ans, je ne l’ai pas rencontrée plus de cinq ou six fois. Ou bien