enfants, nous autres… Bien que vous soyez encore jeune… et belle, vous avez de la raison… de la fierté même, je sais cela ! La petite est sage, bien élevée ; votre fils est un honnête garçon… Votre mari a une lubie, mais ça ne l’empêche pas d’être une compagnie agréable pour moi de temps en temps… Oui, vous êtes tous de braves gens ; mais convenez que c’est bien difficile d’entendre à ce mariage-là.
Mais, monsieur, c’est parce que je le regarde comme impossible…
Impossible, impossible… Ce n’est pas comme ça qu’il faut dire. Herman est dans la fièvre… Dame ! je comprends ça, moi… il a une tête si exaltée !… il tient de moi. Ma foi, je n’ai pas eu le courage de lui dire non ; je lui ai dit : « Patience, il faut voir !… » Soyez prudente aussi, ma petite dame. Il ne faut jamais brusquer ouvertement les folies de la jeunesse. Qu’est-ce que ça nous fait, de ménager un peu nos expressions ?
Quoi ! monsieur, vous voudriez tromper ce jeune homme ?
Le grand mal ! votre fille n’y risque rien, vous êtes sûre de sa vertu… Dites-lui de prendre ça en riant, de ne pas y attacher d’importance. Voilà ce que le bon sens conseille, il me semble. Moi, je n’ai pas vos talents, votre esprit ; mais je suis pour le bon sens, et, si vous voulez voir les choses comme elles sont…
Je ne les vois que trop ainsi, monsieur ; c’est pour cela…
Non ! vous ne les voyez pas toutes ! On pourrait ne jamais se quitter si… et même, ma foi, qui sait ? ce mariage… À force d’amitié, on se fait des concessions ! et, si Herman persistait, plutôt que de me séparer de vous, je…