Ô étoiles ! par quel astre est ma vue éblouie ? est-ce un nouveau soleil, ou le regard empyréen de la triomphante Isabelle ?
Quoi ! c’est mon vieux ami Léandre ? le beau Léandre, comme on l’appelait, du temps que je vins au monde ! Allons, je vois que tu es encore galant. Tes compliments ont un peu jauni comme tes dentelles ; mais j’aime mieux te retrouver ainsi, que pédant et maussade. Or çà, d’où sors-tu, et que viens-tu faire en cette résidence ? Serais-tu un des mille prétendus parents qui vont sans doute venir demander part à l’héritage du Sbrufadelli ?
Les Sbrufadelli étaient de noblesse un peu verte, et la mienne s’est moisie dans la nuit des temps ; mais, sans leur appartenir par le sang, il se pourrait que, par une alliance…
Alors, tu es un des mille aspirants qui vont assiéger le cœur de l’héritière, fût-elle borgne, bancroche ou tortue ?
Écoute, ma divine Isabelle, j’ai quelque espoir de réussir, n’étant point de ceux que la rigueur des belles fait longtemps morfondre dans le vestibule de l’incertitude ; mais l’assistance d’une femme adroite n’est jamais à dédaigner et j’implore la tienne.
Que faut-il faire ?
Me fournir dans une prétendue parenté avec toi, un prétexte pour me trouver céans.
C’est facile, cousin Léandre !… Ensuite ?
Écarter un certain rival…