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MOLIÈRE



DRAME EN CINQ ACTES


Gaieté. — 10 mai 1851




À ALEXANDRE DUMAS


Si je vous prie d’agréer fraternellement la dédicace de cette faible étude, c’est parce qu’elle présente, par l’absence, un peu volontaire, je l’avoue, d’incidents et d’action, un contraste marqué avec les vivantes et brillantes compositions dont vous avez illustré la scène moderne. Je tiens à protester contre la tendance qu’on pourrait m’attribuer, de regarder l’absence d’action, au théâtre, comme une réaction systématique contre l’école dont vous êtes le chef. Loin de moi ce blasphème contre le mouvement et la vie. J’aime trop vos ouvrages, je les lis, je les écoute avec trop de conscience et d’émotion, je suis trop artiste dans mon cœur, pour souhaiter que la moindre atteinte soit portée à vos triomphes. Bien des gens croient que les artistes sont nécessairement jaloux les uns des autres. Je plains ces gens-là d’être si peu artistes eux-mêmes, et de ne pas comprendre que la pensée d’assassiner nos émules serait celle de notre propre suicide.

Puisque l’occasion s’en présente, je veux la saisir pour vous soumettre quelques réflexions générales dont chacun peut faire son profit.

L’action dramatique exclut-elle l’analyse des sentiments et des passions, et réciproquement ? l’homme intérieur peut-il être suffisamment révélé dans les courtes proportions de la scène, au milieu du mouvement précipité des incidents de sa