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sur le Christ de ne plus songer à la vengeance ; mais il n’avait peut-être pas beaucoup sa tête ce jour-là, et il serait bon de voir s’il n’a pas oublié son serment.

— Eh bien, tu as raison. Vas-y, tu me rendras service et tu me délivreras d’une de mes anxiétés. Si je pouvais être tranquille sur ce point, je me déciderais… Voyons, qu’en penses-tu ? Il y a une personne qui n’est pas précisément mon idéal, mais dont l’affection pour moi est sans bornes et dont l’influence physique sur moi est extraordinaire. Elle agit comme un calmant, et, dès que je suis auprès d’elle, mes fantômes s’envolent. Si j’en faisais ma femme ? Peut-être chasserait-elle les démons de mon chevet. Elle prétend avoir des amulettes contre les mauvais esprits, et je te jure qu’il y a des moments où je suis tenté d’y croire.

— Elle a un talisman souverain, répondis-je, elle t’aime ! Va, mon ami, épouse mademoiselle Roque. Elle est belle, et vous aurez de beaux enfants ; elle est bonne, et elle chassera les mauvais souvenirs ; elle a de quoi vivre, et, si tu étais forcé de quitter le service, tu ne serais pas dans la gêne. Elle est agréée de Pasquali, et elle adoucira ses vieux jours. Enfin c’est une bonne action à faire que de ne pas la laisser retomber dans l’isolement, et, le jour où tu te dévoueras vraiment à une femme, les démons cesseront de te reprocher le passé.