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timents plus dignes de la confiance de son mari et de sa propre fierté. Comme elle me racontait tout ce que la Florade m’avait dit, j’avais le droit de la prêcher, et je le fis d’autant mieux qu’elle m’écoutait par moments avec une douceur inusitée.

— Oui, vous avez raison, me dit-elle comme pour résumer. Vous êtes un homme sage et un homme bon, vous ! Si, au lieu de lui, je vous avais aimé, vous ne m’auriez pas fait manquer à mes devoirs, ou bien, si ce malheur-là était arrivé, vous m’auriez aidée à m’en repentir et à vouloir le réparer, tandis qu’il m’a abandonnée, et qu’il m’aurait laissée mourir de chagrin sans se déranger. C’est un homme bien aimable, mais c’est un cœur dur, je vous le dis !

— Moi, je peux vous assurer, repris-je, qu’il ne vous savait pas sérieusement malade, qu’il l’a appris de moi, et qu’il en a montré beaucoup de chagrin.

— C’est possible, mais il n’est pas venu me voir ! Il a peur de me trouver laide, et, si vous ne m’aviez pas rendu ma figure, il n’aurait jamais voulu la regarder.

J’essayai de lui démontrer que l’amitié de la Florade était désormais désintéressée et honorable pour elle, mais je ne pus mettre sa pénétration en défaut.

— Je vous dis qu’il en aime une autre, reprit-elle : que ce soit votre dame ou la demoiselle étrangère qui demeure avec elle à présent, il n’est revenu à