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— Oh ! moi, répondit-il, j’ai une bonne femme qui travaille et qui est savante pour deux, car elle fait mes comptes, et moi, je ne sais ni lire ni écrire… Mais voilà un mauvais pas ; regardez un peu comme M. Botte, c’est mon cheval de droite, va passer là dedans et donner du collier !

Les chemins de la presqu’île étaient insensés, nous ne faisions que nous enfoncer dans des trous ou gravir des escaliers de rochers. Le bonhomme conduisait avec certitude, toujours riant et causant. Les promenades en voiture dans les mauvais chemins m’ont toujours beaucoup plu. Chaque pas est une aventure. La marquise, déjà habituée à ce genre de locomotion difficile et périlleuse, s’amusait de ma surprise, car il est certain que Marescat, son mulet et son cheval favori faisaient des prodiges.

Je les quittai au sentier de la Seyne, et je courus rejoindre la Florade à Toulon. Pasquali l’avait grondé et ne lui avait pas promis de réussir ; mais, loin d’être soucieux, il était porté par son heureux tempérament à voir tout en beau. Il se croyait déjà débarrassé de l’inquiétante aventure de la bastide Roque, et il respirait à pleins poumons comme un homme qui a craint de perdre sa liberté. Je ne lui parlai pas de ma promenade avec la marquise. J’évitai de lui parler d’elle, et, malgré tout, je trouvai le moyen de me sentir très-jaloux de lui. Il me sembla qu’il m’examinait avec surprise, qu’il devinait