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et vous interroger. Ce n’est pas ici le moment ; où demeurez-vous ?

— Là, derrière cette montagne, répondit-elle en me montrant les premiers contre-forts du cap Sicier, tout auprès de la mer, au poste des gardes-côtes. C’est moi la femme au brigadier Estagel.

— Alors vous avez le moyen de faire venir un médecin, ou la force d’aller en consulter un à la ville, puisque vous avez pu monter à la chapelle pour prier.

— Ce n’est pas la même chose ! Je suis trop laide à présent pour aller me faire voir à la ville, et, d’ailleurs, je ne crois pas à tous ces médecins-là ; ils ne m’ont rien fait.

— Mais vous, faites-vous ce qu’ils vous ordonnent ?

— Je ferai ce que vous me direz. Voulez-vous venir chez moi demain ?

— Soit. J’irai.

— C’est bien, fit-elle tranquillement du ton d’une reine qui accepte l’hommage d’un sujet.

— Merci ! lui dis-je d’un ton ironique.

— Oh ! je vous payerai, reprit-elle, j’ai de quoi ; je ne suis point une pauvre pour demander la charité. Son impertinence m’agaçait.

— Alors je n’irai pas, repris-je. Vous direz merci, ou vous ne me verrez pas.