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Quelle interminable journée ! J’ai été déjeuner comme à l’ordinaire chez Thomas ; on disait qu’on se battait au faubourg Saint-Antoine. Il paraît qu’on s’}^ est battu pendant quelques minutes, à cinq heures du matin.

Schœlcher se serait trouvé à une barricade que l’on venait d’élever et qui était gardée par cinq hommes. Il aurait engagé ces hommes à ne pas se sacrifier inutilement. La troupe se serait approchée, l’officier aurait parlementé avec lui avec douceur. Un coup de feu serait parti pendant ce temps-là, on ne sait d’où, la fusillade aurait alors été échangée. Schœlcher serait blessé et arrêté. C’est un digne homme ce Schœlcher, pas très avancé, mais ferme et loyal à son point de vue. J’espère encore que tout ce qu’on dit n’est pas certain.

L’oncle de Paul[1] est venu me voir avec Ponsard. Le second, je ne sais qu’en dire, il m’a paru, depuis février, être l’homme de la forme sans fond. Le premier est abattu par la maladie ou le chagrin. Il n’était pas lui-même aujourd’hui.

  1. Bocage.