Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée

ou les entrailles de la victime. C’était absurde, mais c’était odieux ; l’assassinat, avec les agréments de la torture et de la mort lente et cruelle, était commis dans la pensée, dans l’intention du lâche et crédule bourreau.

Eh bien, ce que nous faisons et qui n’a l’air de rien, tant nous sommes blasés, est cent fois pis, quand nous écrivons le soir pour être distribué le matin : « X…, pour avoir voté dans tel sens, pour avoir proposé telle mesure, pour avoir commis tel acte, est un lâche, ou un traître, l’ennemi de ses concitoyens, de ses semblables. » N’est-ce point là la substance de toute la polémique des journaux depuis vingt ans ? Quels que soient la forme, l’arrangement donnés à ces pensées homicides n’est-ce pas un parti pris, chaque fois qu’un homme agit dans un sens contraire à nos croyances politiques, de lui jeter à la tête l’accusation de perversité ?

Car je ne parle pas seulement des calomnies accueillies et répétées sans examen, des diffamations légèrement colportées, envenimées, et la plupart du temps parfaitement inutiles pour le succès de nos campagnes politiques ; je parle