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aussi le malheur des temps. Nous ne sommes pas de ceux qui disent au peuple que c’est pour s’engraisser de ses dépouilles que les gouvernements se succèdent les uns aux autres, et que la République est tombée dans des mains infidèles qui consomment sciemment la ruine du pauvre. Nous avons foi aux principes plus qu’aux hommes, il est vrai, mais nous ne croyons point à une perversité froide et raisonnée, ayant conscience d’elle-même. Nous avons encore espoir en la République, en cette forme qui est impossible à garder si la probité politique n’en est pas la base. Nous sommes de ceux qui ont dit au peuple, aussi loin que notre voix a pu porter, quelque faible qu’elle fût : « Payez l’impôt en vue d’un meilleur avenir ».

Nous sommes de ceux qui auraient horreur d’exciter le peuple des campagnes à une résistance matérielle qui n’aboutit jamais pour lui qu’à la prison et à l’amende tout au moins. Nous savons bien que ce n’est pas cette portion-là du peuple qui est mûre pour accomplir des révolutions, parce qu’elle n’a pas encore l’idéal de la solidarité et qu’elle ne s’émeut profon-