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ce serait encore de l’art si ce fond, cette pensée est sentie et réalisée. Cela devient alors, si vous voulez, de l’art immoral et qu’il faut blâmer dans l’homme et dans l’œuvre.

Mais ne dites pas que c’est la faute de l’art en tant que fonction. C’est une fonction souillée et détournée de son but. C’est l’expression puissante d’une âme puissante pour le mal. Or ce n’est pas dans l’art seulement, c’est dans toutes les spécialités, dans toutes les fonctions possibles que vous trouverez des abus à réprimer et des infidélités à punir.

Maintenant les artistes viendront-ils nous dire : « Que vous importe que ma pensée soit odieuse si ma forme est belle ? » C’est là que nous les attendons avec leur fameuse théorie de l’art pour l’art ; en pourra leur répondre que l’odieux de la pensée n’était pas nécessaire à la beauté de la forme. On ne contestera pas l’une, mais on ne leur pardonnera point l’autre.

On leur dira : « Faites de l’art, si la morale publique ne vous rend pas cette carrière impossible, mais ne venez pas quêter nos suffrages pour être fonctionnaire public, dans une autre