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Il est véritablement la voix de la patrie, et c’est pour cela qu’en parlant de lui on sent qu’on s’adresse à la France elle-même dont il est l’âme et l’expression, le déchirement terrible, l’organe souverain.

Quand on est monté jusqu’au sommet d’où l’on est entendu de tout l’univers civilisé, il faut se dire que toute parole porte, que toute émotion a un immense retentissement dans toutes les âmes. Il faut embrasser toute la vérité, il faut accepter toute sa tâche.

Il le veut bien, je suis sûr qu’il y consent, car cet homme emporté par un orgueil indomptable, par une foi exubérante dans sa mission est — cela est bien facile à voir pour quiconque le lit sans prévention — le plus candide, le plus doux, le plus modeste des hommes en face de sa conscience. S’il pulvérise ceux qui l’attaquent, s’il y porte l’âpreté classique du poète démesurément jaloux de sa gloire, si, sous ce rapport il est l’homme du passé dans toute sa colère naïve, il n’en est pas moins vrai qu’une voix d’enfant l’émeut, qu’une humble objection doit l’inquiéter, qu’un doux et affectueux reproche peut le troubler profondément.