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(ce que vous semblez ignorer) et que les trains ne partent plus de Paris, c’est par Nevers, Bourges, probablement, et je ne sais quel autre endroit, que je me rendrai à Bordeaux.

Il est probable qu’en y allant, je me ferai un véritable plaisir de m’arrêter à Nohant, bien que Ton m’attende à Madrid. Si je suis trop pressé, ce sera alors en revenant, dans cinq semaines, que vous me verrez.

En attendant, je vous embrasse tous de tout cœur.

HENRY BARRISSE.

P.-S. — La petite fête ici ne semble pas devoir finir de sitôt. Les communeux ont été rossés hier à Asnières ; mais si j’en juge par l’enthousiasme que ce petit fait a produit à Versailles, je me demande si dans cette ville les profonds politiques possèdent une idée juste de ce qui leur reste encore à faire pour entrer dans Paris.

On élève les échafaudages pour « déboulonner » la colonne Vendôme, dont les grilles sont déjà enlevées : mesure d’urgence par le temps qui court, comme tout le monde sait ! — Surtout avec l’armée prussienne campée sur les hauteurs et jubilant la lorgnette à la main.

Mais pour être logique, il va falloir aussi démolir les quatre arcs de triomphe, tous « monuments d’une fausse gloire » (ce qui est vrai !) et même l’obélisque, puisque ce monolithe rappelle les exploits de Ramsès II.

Enfin !

Croiriez-vous que les républicains de l’Hôtel de Ville viennent de publier un ukase, ordonnant aux journalistes « de déposer au bureau de la presse » un exemplaire de chaque numéro de leur journal ?

Décidément dans cet heureux pays, plus ça change, plus c’est la même chose !

Le succès de votre Journal d’un voyageur est complet !