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s’appelle Paris et se défend avec tant d’héroïsme. Quelle sera la fin ! impossible de le prévoir, et nos âmes sont dans une sorte d’angoisse…

Ah ! mon Dieu, cher ami ! le sous-préfet de La Châtre m’apporte la nouvelle de l’armistice ! Je ne sais pas si c’est la paix ; je ne sais quel avenir, quelles luttes intestines, quels nouveaux désastres nous menacent encore ; mais on ne vous bombarde plus, mais on ne tue plus les enfants dans vos rues, mais le ravage et la désolation sont interrompus ; on pourra ramasser les blessés, soigner les malades ! — C’est un répit dans la souffrance intolérable. — Je respire ; mes enfants et moi, nous nous embrassons en pleurant. Arrière la politique ! arrière cet héroïsme féroce du parti de Bordeaux qui veut nous réduire au désespoir et qui cache son incapacité sous un lyrisme fanatique et creux, vide d’entrailles. Comme on sent dans Jules Favre une autre nature, un autre cœur ! Je suis en révolte depuis trois mois contre cette théorie odieuse qu’il faut martyriser la France pour la réveiller. Ne croyez pas cela ! La France est bonne, vaillante, dé-