Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

La paix est-elle possible ?

Oui ! — et très prochainement.

Soyez bien persuadée que la Prusse ne veut ni île la Lorraine ni de l’Alsace, à aucun prix.

M. de Bismarck dit, et avec raison ! « Nous combattons pour notre unité, dans le présent et dans l’avenir. Strasbourg et Metz sont un danger permanent pour nous, car de ces deux forteresses, vous pouvez vous élancer sur la Prusse Rhénane et Bade : ce que vous ne manquerez pas de faire quand même, à la première occasion, car vous êtes une nation aussi militaire que nous, et ce n’est pas du jour au lendemain qu’on change son acabit. Nous voulons parer à ce danger, autant que cela nous est possible, car nous prévoyons des difficultés intestines, dont vous chercherez très sûrement à profiter. Eh bien, nous voulons Metz et Strasbourg. »

Mais l’Allemagne ne demande la possession de ces deux forteresses, que pour obtenir qu’elles soient démantelées. Ce démantèlement et une indemnité considérable (environ deux milliards), avec une petite rectification de frontières à l’avantage de la Bavière, est, j’en suis persuadé, tout ce qu’ils espèrent obtenir.

Maintenant je ne crois pas que la Prusse accepte l’idée d’un congrès européen. Elle traitera directement avec la France, comme elle a traité directement avec l’Autriche après Sadowa. Mais ici, se présente une difficulté. Je crains qu’elle se refuse à reconnaître le gouvernement actuel, et il se pourrait que la convocation d’une assemblée constituante, décrétée hier, ait pour but de parer à cette éventualité.

Il y a aussi une complication politique qui germe en ce moment et pourrait changer totalement la face des choses. La Russie a dénoncé le traité de 1856, impose par la France et l’Angleterre après la guerre de Crimée. Le fait est vrai ; mais ce que nous ignorons, si c’est dans