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commotion si vive qu’elle s’arrêta aussi, étonnée, hésitante, et toutes deux nous nous regardions sans pouvoir, en nous croisant sur le sentier, passer outre.

C’était une belle jeune fille, plus grande que moi, svelte, avec de longs cheveux, je ne retrouvais ni ces longs cheveux, ni cette taille élancée dans mon souvenir, mais je reconnaissais les traits de son visage, l’expression de son regard et la forme charmante de ses bras et de ses mains.

Je reconnus encore quelque chose de sa voix argentée, quand d’une voix plus formée mais aussi douce pour mon cœur, elle me dit :

— Femme inquiète et pâle, qui donc cherchez-vous ?

— Je cherche celle que j’ai perdue, celle qui m’a dit : Viens ; la connaissez-vous ?

— Non, mais votre douleur s’empare de moi et je voudrais vous aider à retrouver l’objet de votre amour ; venez avec moi et dites-moi de quel côté vous l’avez perdue.

Je la suivis et comme elle m’interrogeait je ne pouvais lui répondre.

— Je ne sais rien du monde où nous voici.