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chirement de cœur, sans effroi et sans remords. Voilà qu’on te provoque avec une audace inouïe. Que vas-tu devenir ? Pourra-t-on t’enseigner la clémence à présent ?

Jacques est un enfant terrible. Il faut l’aimer, quand on l’aime, comme l’enfant de ses entrailles. L’aimer avec patience, avec colère quelquefois, avec fidélité, avec courage toujours. Quand on a un enfant terrible, on le gronde, on l’exhorte, on le prend par la douceur, par la réprimande. Il vous fait quelquefois bien du mal. Il ne vous écoute pas toujours. Il se jette dans le danger comme un sot, il se débat dans la colère comme un fou, il se livre à ses passions comme une bête. Il vous impatiente, il vous indigne, il vous désole. Mais c’est votre enfant. Il vous faut bien l’aimer malgré vous ; vingt fois par jour peut-être vous lui direz : a Je te maudis, je t’abandonne. » Mais vous ne pouvez ni l’abandonner, ni le maudire, car vous sentez que c’est votre enfant.

Et qui dit un enfant dit ce qu’il y a de plus déraisonnable et de plus ingrat dans le monde mais aussi ce qu’il y a de plus cher et de plus sacré à toute âme droite, car l’enfance est ce