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dans la crainte d’avoir affaire à un mouchard déguisé.

Au débarcadère où Leblanc a déposé nos paquets, Nini tousse ; Manceau se dispute avec Solange pour un nécessaire qu’elle veut avoir sous ses pieds. Nous rions tous trois de la dispute, mais nous partons, la mort dans l’âme ; et moi avec une double inquiétude, car la lettre de Maurice me livre à mille suppositions effrayantes.

Le chemin de fer est occupé militairement. Cependant on part et on arrive sans qu’on vous demande de passeports. Les soldats vous regardent sous le nez, ceux-là rient et boivent, dans quelques jours ils insulteront les femmes, et l’homme qui voudra les défendre sera fusillé s’il plaît à l’officier de poste.

Au reste, cette absence de formalités et de surveillance au départ prouve qu’il y a une police occulte autour de vous, ou qu’on laisse partir avec plaisir quiconque veut s’éloigner du foyer de la lutte. Leblanc vient pourtant de voir arriver le convoi. On arrive comme on part, sans être tracassé.

À Orléans, un poste d’infanterie occupe la gare. Des gendarmes circulent. Ils vont deman-