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qu’il y avait des barricades et qu’on se battait dans la rue Saint-Martin. Il a vu cela.

Un peloton de fantassins passe encore. On le suit, on leur crie : « Vive la République ! vive la ligne ! à bas le tyran ! ». L’officier : « Gauche, droite, en joue ». On se disperse encore.

Mayer revient, je le paye afin qu’il puisse s’en aller si on le chasse de la porte. Au bout d’une heure, il n’y est plus, je ne sais qui l’a renvoyé. Il faudrait toujours être à la fenêtre et Manceau m’en empêche. Le fait est qu’il n’y fait pas bon. Mais qu’on tient peu à la vie quand on voit toute une population sans lois, sans sécurité, sans garantie pour son existence, et tout individu qui passe livré au caprice du gendarme, du sergent de ville ou de l’officier !

Cinq heures. Les troupes passent, repassent, les cris s’apaisent, puis recommencent, singulières alternatives de terreur et d’insouciance ! Il y a des gens qui vont en chantonnant, les mains dans leurs poches, des jeunes gens isolés qui, sous l’œil des soldats, lacèrent avec leurs cannes les proclamations posées sur la muraille, des commères qui tantôt