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livre très sérieux par le fond : c’est le résumé concis des études et des réflexions de toute une vie savante et lettrée. L’auteur est une femme charmante qui a étudié les langues mortes et les philosophies abstraites, sans que sa figure blanche et rose trahît par un pli les veilles et les méditations. Il est vrai qu’elle n’a probablement ni veillé ni souffert pour apprendre, mais qu’une organisation supérieure lui a permis de tout comprendre et de tout retenir sans le moindre effort. À la voir si animée, si active, si dévouée aux nobles fardeaux de la famille et avec cela si brillante causeuse, nous avons eu besoin de la connaître longtemps pour croire qu’il y eût tant de sagesse, d’érudition et de tranquillité dans cette jolie tête blonde qu’elle portait comme si elle ne l’eût pas soupçonnée sur ses épaules. Elle écrivait quelquefois des romans, des romans agités de passion et traversés de grandes plaintes éloquentes. Et puis elle a écrit de forts bons livres d’histoire, elle en écrit encore. Nous en parlerons une autre fois, quand elle publiera l’Histoire de la République d’Athènes qu’elle achève en ce moment. Nous voulons nous occuper aujourd’hui de son Novum organum, mais non sans dire encore quelques mots sur l’auteur, dont le génie modeste, bien qu’apprécié dans un milieu digne de lui, n’a peut-être pas reçu de la renommée tout l’accueil qu’il mérite.

Il est peu de caractères littéraires aussi fortement trempés et aussi nobles que celui d’Hortense Allart. Elle a caché ses vertus privés dans un intérieur sobre, libre et fier. Elle a vécu simplement et par un grand