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Le pouvoir gouvernemental, le pouvoir vraiment politique, aurait pour mission de faire au temps présent, dont il serait, par sa nature, à même de bien connaître la situation morale, intellectuelle et matérielle, l’application convenable de ces principes. Un troisième pouvoir serait chargé de l’exécution. Ainsi, quelque forme que prît la société, elle serait inspirée par la pensée libre et sans bornes, gouvernée par le sens pratique, agissante par ses propres forces vivement excitées d’une part, sagement employées de l’autre.

Cet idéal est-il immédiatement réalisable dans la forme ?

Non : parce que les sectes actuellement existantes n’étant pas nées sous le régime de la liberté, mais, au contraire, sous celui de la compression, et réduites à l’impuissance d’agir dans leur sphère de haute inspiration, sont devenues quelque chose de personnel qu’il importe de bien définir.

La secte, qu’elle se constitue en société secrète sous le régime de la persécution, ou en petite église sous le régime de l’étouffement, perd son caractère d’enseignement général ; d’utile et de fraternelle qu’elle serait dans le grand air de la liberté, elle devient nécessairement amère, intolérante ou superbe sous le régime de l’intolérance qui la comprime.

Alors la secte ne se renferme plus dans la prédication des principes ; elle veut pratiquer, réaliser son idéal dans son propre sein, pour montrer aux hommes qu’elle ne se repaissait point de chimères, et que ses membres sont, au milieu de la société qui les nie, les