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regrets et dans les adieux de celle-ci, une générosité de cœur, un fond de tendresse et de bonté qui, plus que ses reproches, accusent et condamnent les ingrats qu’il a pu faire. Nous sommes enchanté, quant à nous, de ne pas les connaître : car, après certaines pièces vraiment bien belles et bien touchantes, après des vers comme ceux-ci, nous serions tenté de leur faire un mauvais parti :

   « Frères ! il faut mourir ! » répète le trappiste.
   Un mot que, chaque jour, dit le monde, est plus triste :
   « Il faut vivre ! » Il le dit ; et ce monde inclément
   N’ajoute pas « mon frère » au dur commandement.

Ces quatre vers sont beaucoup meilleurs que le quatrain célèbre de Jean-Jacques Rousseau : Malheureux humains que nous sommes, etc. » pourtant ce rapprochement nous est venu à l’esprit en les lisant. Est-ce que le poète des Adieux n’aurait pas à se défendre aussi d’une de ces funestes maladies morales, qui s’attaquent de préférence aux grandes âmes et aux grandes intelligences, mais qui les rendent parfois soupçonneuses et cruelles ?

Ce n’est pas nous, élève indigne, mais toujours reconnaissant et respectueux de M. de Latouche, nous dont il a encouragé les premiers essais, et qui aurions eu plus longtemps besoin de ses conseils éclairés et affectueux, qui oserons porter un jugement sur le mérite littéraire de son œuvre. Fussions-nous devenu compétent à cet égard, nous ne nous sentons point l’impartialité, c’est-à-dire la froideur nécessaire pour