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tême. Voilà ce que c’est. On dit, on prétend, on soutient que la Révolution nous a fait de grands biens et porté beaucoup de profit. Nous l’avons cru aussi, et, le jour où nous nous sommes trouvés sans seigneurs, sans abbés, sans dixmes ni redevances, nous nous sommes tous imaginé que nous allions être libres et gaillards comme allouettes au champ. Nous nous sommes trompés, foi d’homme ! Je ne sais pas comment ça s’est emmanché, mais avec l’Empire, avec la Restauration, et encore plus avec la nouvelle révolution de l’an 30, voilà que la féodalité, la dixme, le servage, et jusqu’à la corvée, messieurs, oui, la corvée ; tout ça nous est retombé sur le corps. Il n’y a que les noms de changés. Le régime féodal, c’est le pouvoir absolu de celui qui possède sur celui qui ne possède pas. La dixme, c’est l’impôt, qui jamais ne profite qu’aux riches ; aux pauvres, point. Le servage, c’est notre état de misère qui nous livre à la merci de l’usurier bourgeois, du fermier bourgeois, du propriétaire bourgeois ou non bourgeois ; et la corvée, c’est la prestation en nature pour les travaux prétendus d’utilité publique !…

Oh ! ça vous étonne bien un peu, mes chers messieurs, et ça vous fâche peut-être contre moi dans le premier moment. Faites excuse si je ne sais pas bien parler, mais les mots ne sont que des mots, voyez-vous, et, si vous voulez bien m’examiner un tant si peu, vous verrez que mon idée n’est pas si fausse qu’elle en a l’air.

Voyez un peu, par grâce, si les riches, gros, moyens