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se savent mauvais gré de leur premier enthousiasme, et qu’ils n’avaient pas compris les deux premières pages du plaidoyer avant de lire la troisième. Si cela est vrai, si les choses se passent dans leur conscience ainsi qu’ils le disent, peut-être bien changeront-ils d’avis à la lecture de la quatrième page ; peut-être bien, dans un avenir très-prochain, seront-ils réduits à dire naïvement que cette fois-ci encore ils se sont trompés, qu’ils ont prononcé trop vite, et qu’une réflexion plus patiente leur a révélé des intentions inaperçues.

L’auteur s’abstiendra d’apprécier publiquement les récriminations hostiles dirigées contre lui ; mais il croit pouvoir se permettre d’expliquer, selon sa conscience, ce qu’il a voulu, ce qu’il a prétendu jusqu’ici. Et d’abord il doit déclarer qu’il n’a pas entendu écrire un plaidoyer contre la société, contre les institutions qui la régissent, contre l’humanité entière, comme on l’a dit récemment. Ces graves accusations iraient assez mal à sa taille ; ni son talent, ni sa volonté, ni ses espérances ne méritent une pareille accusation. Il sait très-bien que la majorité estimée très-haut les institutions dont elle s’accommode, et, Dieu merci, l’orgueil et la folie ne l’ont jamais égaré au point de lui faire croire qu’il suffisait d’une parole pour renverser ce qui existe. Si les choses qui lui semblent mauvaises paraissaient telles au plus grand nombre, la société n’aurait pas besoin de son conseil pour les détruire et les réformer.

Indiana et Valentine ne sont pas un pamphlet contre le mariage, mais bien un tableau exact ou infidèle : c’est au lecteur à juger des souffrances morales infligées à une âme délicate et pure par la brutalité impérieuse et par l’égoïsme poli. Comme le mariage et