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Il me les exposa avec beaucoup de logique et de clarté. Je reconnus vite en lui l’homme sans culture, mais doué du génie du bon sens, qui avait écrit plusieurs lettres remarquables à M. T…, mon directeur et mon ami, et, comme je me montrai disposé à le croire et à commencer mes études avec confiance, le bon Pardoux se livra à une joie enthousiaste.

— Enfin ! s’écria-t-il, voilà cinq ans que je m’époumone à dire à tous les gros bonnets de pays qu’il y a pour eux et pour les pauvres, une fortune dans mon idée. Et ils ne font que lever les épaules en répondant toujours :

» — Ça coûterait trop cher à établir !

» Eh bien, je le savais, moi qui n’en ai pas appris plus long qu’eux tous, que la science réduirait les dépenses à cent pour cent au-dessous de ce qu’ils imaginent ; et, comme je suis sûr de n’avoir calculé les profits certains qu’au minimum, comme vous allez, sans prévention et tranquillement, vous en convaincre en très-peu de temps, je peux dire enfin que notre petit pays va devenir un des plus aisés et des plus utiles de la France, au lieu de croupir dans la paresse et la misère. Oui, oui, je vas le leur dire, à ces beaux esprits…

— Un moment ! repris-je en arrêtant le bon jeune homme. Si vous voulez que votre idée aboutisse, il y faut le secret le plus absolu pendant quelques mois.

— Pourquoi ça ? Vous craignez la concurrence ? Ah !