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responsable. Permettez-moi de me récuser absolument, et d’espérer qu’elle finira plus vite que les sentiments distingués dont je vous prie d’agréer l’expression.

» Olympe Dutertre. »

La foudroyante tranquillité de cette lettre, certificat de fatuité si poliment accordé à la prière de M. de Saulges, allégea en grande partie les angoisses de Dutertre. Il sentit même qu’il y avait de la grandeur d’âme de la part de Flavien à produire cette preuve de son inexpérience auprès des femmes vertueuses, et à la produire précisément devant un mari aimé.

Il eut quelques moments de calme silencieux où l’image rayonnante de sa sainte immaculée lui apparut comme une vision bienfaisante ; mais bientôt il se rappela l’effroi d’Olympe au seul nom de Mont-Revêche deux heures auparavant, son silence terrible devant les accusations et les reproches dont il l’avait chargée, et il dit à Thierray avec un redoublement de hauteur et de méfiance :

— Qu’avais-je besoin de cette lettre, et pourquoi donc me l’apportait-on ce soir, en toute hâte ?

— Parce que, ce soir seulement, tout à l’heure, répondit Thierray, mon ami et moi avons découvert la sottise que j’ai faite en envoyant, au lieu de mes vers, une malencontreuse lettre de lui à moi, lettre que mademoiselle Nathalie vous a immédiatement montrée.

— Comment le sauriez-vous, si cela était ? dit Dutertre.

— Je sais que cela est, parce que, le lendemain de cette méprise, je vous abordai… tenez, à peu près à la même place où nous sommes, et me hasardai craintivement à vous demander la main de votre charmante fille Éveline.