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— Mais, puisque Dutertre le prend ainsi, pensait-il, il n’y a pas moyen de s’entendre. Allons, les explications que je dois à l’honneur de la femme viendront après… pourvu que je ne tue pas !

Et cette dernière idée causa à Flavien un sentiment d’effroi et de remords, qui se traduisit en lui par une forte disposition à la colère. Heureusement, Thierray ne s’était fié ni à la diplomatie, ni à la patience de Flavien. Il avait envoyé louer des chevaux à la ferme et il arrivait. Au moment où les deux adversaires allaient attacher leurs montures à la base de la croix de bois qui marquait le centre de la clairière, deux cavaliers débouchaient d’un sentier ombragé, que l’un avait indiqué à l’autre comme abrégeant la distance et permettant de regagner l’avance prise par M. de Saulges. C’était Thierray suivi de Forget.

— Vous avez amené vos témoins ? dit Dutertre d’un ton d’ironie à Flavien. C’est fort bien ; moi, je n’en ai pas, et n’en ai pas besoin.

— Monsieur, répondit Flavien, vous accepterez probablement pour vous M. Thierray, qui est notre ami commun, et, moi, je me contenterai de mon domestique, qui est un fort honnête homme.

— En sommes-nous déjà là ? dit Thierray, qui, en descendant de cheval, entendit ces dernières paroles. Vous ferez, messieurs, ce que vous voudrez quand j’aurai eu une explication nette et loyale avec M. Dutertre. Mais je suis intéressé dans cette même affaire pour mon propre compte, et je réclame une explication préalable, je la réclame au nom de l’honneur. Forget, ajouta-t-il en élevant la voix, prenez tous ces chevaux, et éloignez-vous.

Forget sortit de la clairière, attacha aux branches les deux paisibles animaux de la ferme et tint à la main les