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— Oui, oui, son père est trop loin, dit Olympe, dont les yeux s’étaient fixés à terre avec une expression de méditation douloureuse. D’ailleurs, il faut le préparer à une crise si rude. C’est moi, moi seule, qui dois aller vers elle. Attendez… je vais trouver le moyen de tout sauver pour aujourd’hui… Il faut que je le trouve !… mais d’abord partons, courons vers elle… En route il me viendra une idée ; je suis comme une folle en ce moment-ci ! Elle reprit le bras de Flavien, et, le ramenant vers la voiture avec une résolution dont elle ne paraissait pas capable au milieu d’un si grand trouble :

— Crésus, dit-elle au groom, montez sur le cheval de M. de Saulges ; retournez au château, et dites que, si je ne suis pas rentrée pour déjeuner, on ne m’attende pas. Je vais voir d’autres malades. Allons, monsieur le comte, dit-elle à Flavien, de manière à être entendue, puisque vous voulez bien me servir de cocher, conduisez-moi chez ces pauvres gens.

Elle monta vivement dans la calèche, qui se fermait avec des glaces et des stores, circonstance que Flavien avait déjà remarquée, et qui permettait de ramener Éveline cachée à tous les regards, au moins durant le trajet. Mais Éveline serait-elle transportable ? Là était la question. Flavien ne s’arrêta pas à réfléchir, il fouetta les chevaux et s’enfonça sous les bois qui conduisaient à Mont-Revêche, laissant Crésus stupéfait, et quelque peu narquois à la vue de ce tête-à-tête improvisé.




XXVII


Ce tête-à-tête n’eut rien d’enivrant, comme l’on peut croire : Olympe, enfermée dans la voiture et perdue dans