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IX


En ce moment, Thierray, après s’être éloigné d’Éveline pour ne pas paraître d’une assiduité choquante, était revenu, comme naturellement, reprendre l’assaut avec elle.

— Mademoiselle, lui disait-il, aimez-vous les papillons ?

— Je les déteste, répondit-elle. Ce sont les emblèmes de ma propre légèreté, et je ne demande qu’à me distraire de moi-même.

— Votre cousin Amédée aime beaucoup les papillons, mademoiselle.

— Ah ! dit Éveline avec son irréflexion accoutumée, c’est parce que sa tante les aime ! Il s’en fallut de peu que cette parole imprudente n’éloignât subitement d’Éveline l’hommage qu’elle prétendait accaparer. Thierray ne voyait encore, dans ses rapports avec le groupe féminin de Puy-Verdon, que le plaisir de tourmenter, d’effrayer, de supplanter, en passant, le rival qui lui tomberait sous la main. Ses yeux se portèrent rapidement sur Olympe et sur Amédée, qui échangeaient à voix basse quelques paroles dans un coin, debout l’un et l’autre.

Il n’y avait rien de plus naturel que de voir ces deux personnes se consulter sur quelque détail d’intérieur avec cette sorte de petit mystère officiel qu’on affecte en pareille circonstance, pour ne pas troubler le loisir ou l’amusement des autres par un retour vers les choses de la réalité. Mais Thierray, se croyant sur la voie d’une découverte importante, faillit oublier Éveline, qui, déjà, n’avait plus rien de mystérieux pour lui, pour courir après