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qui avaient partagé son bien-être et ses plaisirs sans lui en demander compte, jusqu’au jour où un artiste extravagant avait eu la fantaisie de les lui reprocher tout haut. Il voulait tuer cet artiste, et il ne trouvait pas de témoins. Il priait Cléville de courir chez deux autres.

» En ce moment, continua Cléville, madame de Rochetal entra. Elle avait écouté ce que nous disions.

» — Épargnez-vous la peine de courir, me dit-elle, personne ne voudra soutenir la cause de M. de Rémonville. Si vous voulez faire une visite, allez trouver M. Abel de ma part ; dites-lui que je le remercie de m’avoir éclairée. Dites-lui que j’ignorais absolument où M. de Rémonville puisait ses ressources. Il m’a fait croire qu’il possédait un patrimoine, et qu’ayant épousé une femme riche, il était libre de se ruiner personnellement. J’ai découvert la vérité hier en voyant mes meilleurs amis sortir de chez moi sans saluer celui qui s’y pose en maître de maison. Je lui ai arraché sa confession ; la nuit s’est passée en discussions orageuses. La fatigue nous a séparés ; mais, il y a une heure, je lui ai signifié que je le quittais et que je me retirais dans un couvent. Je peux avoir un passé fâcheux sur la conscience, mais je ne veux pas avoir la ruine d’une famille sur les bras. Allez dire tout cela à M. Abel et à tout le monde, si bon vous semble. Je ne peux me justifier et proclamer l’erreur où