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parcouru et dont je fusse embarrassé de résumer l’histoire géologique, la faune ou la flore. Bien que le gentleman se fût déjà renseigné sur mon compte, il n’en faisait rien paraître.

— Merci, docteur, me dit-il du ton le plus naturel, quand il eut épuisé le chapitre des questions ; vous êtes un guide précieux et que l’on est heureux de rencontrer. Le regret de vous quitter ici serait très-vif pour nous ; ne pourriez-vous prolonger un peu notre plaisir en acceptant de dîner avec ma femme et moi, soit chez votre fermier, soit à Luz, où nous sommes descendus ? Choisissez, et dites-moi oui, ou vous me ferez beaucoup de peine.

Il parla ainsi avec une grâce parfaite, sans paraître ni surpris ni repentant de son erreur ; tout au contraire, il en prenait occasion de se réjouir, ce qui était infiniment plus aimable et plus spirituel que de s’en excuser.

J’acceptai le dîner à Luz, où j’avais affaire dans la soirée, et, craignant d’être indiscret en restant davantage, je voulus les quitter. Ils me retinrent et je cédai. Nous descendîmes tous à pied. Madame Brudnel accepta de temps en temps mon bras et nous eûmes quelques moments d’aparté où je cessai absolument d’être ému auprès d’elle. C’était décidément une per-