vait rien et raisonnait pour le plaisir de raisonner.
— Voyons, repris-je, conviens qu’il y a deux sortes d’amours, celui des âmes grandes, qui est grand et généreux, tel est celui que tu rêves, et celui des âmes vulgaires, des caractères faibles, des intelligences sans développement ; celui-là, je te l’abandonne. Je ne suis ni assez fort ni assez grand pour refuser mon indulgence ou ma pitié à ceux qui deviennent sa proie ; mais je comprends le juste orgueil qui te le rend méprisable.
— Tu veux te moquer de moi ? répondit Jeanne. Va, je te le permets.
— Il ne se moque pas, dit ma mère, il comprend que tu ne veux associer ta vie qu’à celle d’un être dont l’amour sera aussi grand que la notion que tu en as.
— Vianne n’était donc pas cet être-là ?
— Non, répondit Jeanne ; M. Vianne est très-grand dans ses principes, mais il a versé du côté opposé à la notion vulgaire. Il supprime tout à fait la tendresse, il ne connaît que le devoir.
— Il a cette prétention, mais il n’est pas si fort que cela ; j’ai la conviction qu’il t’aimait réellement.
— Qu’appelles-tu aimer réellement ? Voyons, dis-le.
— Chérir et respecter. Est-ce cela ?