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l’erreur de son père, la mienne ! J’avertis Ambroise du silence qu’il devait garder jusqu’à nouvel ordre. Je l’engageai à se remettre au lit et me disposai à retourner auprès de M. de Salcède pour l’informer et aviser avec lui de ce que nous aurions à dire à la comtesse, si ses fils ne rentraient pas dans la matinée.

Je rencontrai M. de Salcède dans l’espélunque. Il parut moins inquiet que moi.

— Gaston apaisera son frère, me dit-il. En tout cas, il le ramènera. Allons à leur rencontre. J’ai la pièce que vous m’avez remise et qui mettra fin à tout débat.

Nous partîmes du souterrain pour prendre le sentier par où les jeunes gens avaient passé. Ce sentier rejoignait le chemin à quelque distance. Il était fort dangereux pour des chevaux, mais nous n’y vîmes aucune trace d’accident, et sur le chemin nous pûmes suivre au grand jour la piste des deux montures, s’emboîtant l’une dans l’autre, ce qui prouvait que les cavaliers, n’allant pas côte à côte, ne s’étaient pas rejoints.

Nous marchâmes environ deux heures, d’un bon pas et sans nous dire un mot pour ne pas nous ralentir. La trace des chevaux reparaissait de temps en temps, toujours révélant la même poursuite de l’un après l’autre sans point de jonction. Enfin, comme nous approchions de la Violette, nous vîmes Gaston qui revenait seul, au pas, sur son cheval,