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sais pas plus que vous, et, de quelque façon que je m’y sois pris, je n’ai jamais pu le lui faire dire.

— Alors, bonsoir.

— Attendez, monsieur, que je couvre le feu.

Et, tout en couvrant le feu, Adamas continua en élevant la voix :

— Cette femme est tout à fait mystérieuse, monsieur le marquis, et je voudrais que vous la vissiez !

— À présent ? dit le marquis réveillé en sursaut. Tu te moques, c’est l’heure de dormir.

— Sans doute ; mais demain matin ?

— Elle est donc céans ?

— Mais oui, monsieur ! Elle demandait un coin pour passer la nuit à couvert ; je l’ai fait souper, car je sais que monsieur n’entend pas qu’on refuse le pain aux malheureux, et je l’ai envoyée à la paille après avoir causé avec elle.

— Et vous avez eu tort, mon ami : une femme est toujours une femme ? Et… j’espère qu’elle n’est pas là avec d’autres mendiants ? Je ne veux pas de débauche chez moi.

— Ni moi non plus, monsieur ! Je l’ai mise seule avec son enfant dans le petit cellier, où ils sont bien, je vous assure ; ils ne paraissent pas habitués à être si bien, les malheureux ! Cette Mercédès est pourtant aussi propre qu’on peut l’être dans une pareille pauvreté ; voire, elle n’est point du tout laide.

— J’espère, Adamas, que vous n’abuserez pas de sa misère ?… L’hospitalité est chose sacrée !

— Monsieur se moque d’un pauvre vieillard ! c’est bon pour monsieur le marquis d’avoir des principes de vertu ! pour moi, je vous assure que je n’en ai plus grand besoin, n’étant plus tenté du diable. D’ailleurs, cette femme paraît