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les défenses les plus sévères étaient portées contre Bellinde elle-même.

Le vieux Mathias (surnommé Adamas, par la même raison que Guillette Carcat était forcée de s’appeler Bellinde, et Jean Fachot, Clindor) avait seul le droit d’assister aux mystères de la toilette du marquis, tant celui-ci était de bonne foi en s’imaginant que son fard et sa teinture ne pouvaient être recélés que par l’arsenal de boîtes, de fioles et de pots étalés sur ses tables.

Il trouva donc, comme de coutume, Adamas seul, préparant les papillotes, les poudres et les graisses parfumées, qui devaient entretenir la beauté du marquis jusque dans son sommeil.




XII


Adamas était un Gascon pur sang : bon cœur, bel esprit, langue intarissable. Bois-Doré affectait très-naïvement de l’appeler son vieux serviteur, bien qu’il fût l’aîne d’au moins dix ans.

Cet Adamas, qui l’avait suivi dans ses dernières campagnes, était son âme damnée, et lui faisait savourer l’encens d’une admiration perpétuelle, d’autant plus funeste à sa raison, qu’elle était le résultat d’un engouement sincère. C’était lui qui lui persuadait qu’il était encore jeune, qu’il ne pouvait pas devenir vieux, et que, sortant de ses mains, luisant et colorié comme une image de missel, il devait supplanter tous les freluquets et faire illusion à toutes les belles.

Il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre,