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Guillaume se mit à rire.

— Voilà, dit-il, une requête plaisante. Conseille, ami La Flèche, à cette bonne fille, de prier pour nous sans nous nommer. Le bon Dieu nous connaît bien, et nous ne lui apprendrions rien de nous qu’il ne sache mieux que nous-mêmes.

La Flèche salua humblement de son bonnet crasseux, et nos voyageurs, poussant leurs montures, eurent bientôt laissé les bohémiens derrière eux.

— Ah çà ! dit d’Alvimar à Guillaume en voyant poindre à l’horizon bas et court les clochetons de la Motte-Seuilly, vous ne m’avez point dit où nous allions. Ce château est celui d’un autre de vos amis, à qui je ne serai sans doute pas importun ?

— Ce château est celui d’une dame jeune et belle qui vit là avec son père, et tous deux vous recevront avec courtoisie. Tous deux vous retiendront jusqu’au soir, non-seulement pour ne pas être privés de la compagnie de M. de Bois-Doré, qu’ils estiment beaucoup, mais encore pour vous prouver que nous ne sommes point des sauvages, dans notre pauvre pays de campagne, et que nous savons exercer l’hospitalité à la vieille mode de France.

D’Alvimar répondit qu’il n’en doutait nullement, et sut dire à son compagnon des paroles obligeantes, car nul homme n’était mieux appris ; mais son esprit amer se tourna bien vite vers un autre objet.

— D’après tout ce que vous m’avez conté de ce Bois-Doré, mon futur hôte, c’est, dit-il, un vieux mannequin dont les vassaux se gaussent à cœur-joie ?

— Non pas ! répondit M. d’Ars. Ces bohémiens ne m’ont pas laissé finir. J’allais vous dire que, lorsqu’il revint au pays enrichi et emmarquisé, on fut étonné de