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C’était un cours complet de pantomime, où le marquis, malgré son âge, était encore excellent comédien.

— Voyez, mon fils, disait-il en se coiffant et en se drapant d’une certaine façon, voici les manières d’un matamore, regardez bien ce que je vais faire pour ne le faire jamais, sinon par jeu, et vous en abstenir en bonne compagnie.

Alors il représentait un capitan bravache au naturel, et Mario riait à se rouler par terre.

On lui permettait, pour s’amuser, de faire le capitan à son tour, et c’était le tour du marquis de rire à tomber dans son fauteuil : tant le lutin était un singe adroit et gentil !

Mais il fallait revenir à la leçon.

Le marquis lui montrait alors le personnage d’un rustre lourd, tranchant et importun, ou celui d’un pédant amer et désagréable, ou celui d’un niais décontenancé ; et, comme il fallait des acteurs pour rendre la scène parlante, on faisait venir les gens de la maison. Heureux quand on pouvait retenir Adamas et Mercédès, qui s’y prêtaient avec beaucoup de gaieté ou d’esprit. Mais Adamas était actif et la Morisque laborieuse : ils demandaient toujours à s’en aller travailler pour Mario.

On se rabattait sur Clindor, qui était de bonne volonté, mais bâti comme un pantin, et sur la Bellinde, qui aimait bien à représenter une dame de qualité, mais qui faisait ce rôle de la manière la plus ridicule et la plus absurde. Le marquis l’en reprenait gaiement, et relevait ses balourdises au profit de l’enseignement de Mario, qui était passablement moqueur, et qui s’en réjouissait de manière à mortifier singulièrement la gouvernante.

Elle se piquait en s’en allant, et Mario, dans ses grands rires, oubliant que c’était l’heure de la tenue, sautait sur